Voici une définition de ce genre musical, proposée par l’Association des producteurs et éditeurs d’illustration musicale (France).
Ce sont des collections de musiques déjà enregistrées, le plus souvent éditées sur des albums thématiques, et destinées aux professionnels de l’audiovisuel et des médias, pour sonoriser des longs-métrages, documentaires, émissions télévisées ou radiophoniques, pièces de théâtre, publicités, bonus DVD, sites internet, films institutionnels, téléphonie mobile ou toute autre utilisation.
L’illustration musicale est également appelée illustration sonore et musique de scène ou encore, en anglais, library music, background music, theme music et stock music.
Les compositeurs d’illustration musicale sont des professionnels reconnus du monde de la musique. Nombre d’entre eux se produisent sur disque et sur scène, jouent pour des artistes renommés, composent pour le cinéma, le documentaire ou la publicité… Les outils de production sont les mêmes en illustration musicale que pour les productions du commerce et la qualité des catalogues est incontestable.
Elle est connue pour répondre aux impératifs techniques spécifiques tels que : la durée précise, les points de montage, des durées alternatives permettant le speak, etc. La vocation des maisons de disques consiste à faire des succès discographiques, la vocation des producteurs d’illustration musicale est de fournir des solutions en matière de musique aux professionnels de l’audiovisuel et des médias, en proposant un service totalement adapté à leurs besoins :
Enfin, voici une approche qualitative de ces musiques, grâce à un texte – certainement écrit par l’ingénieur du son Robert Prudon – présentant le disque Musique de scènes n° 2 de Pierre Arvay, paru en 1962 chez Teppaz.
Sur la pochette de ce disque d’illustration musicale, l’un des rares accessibles au grand public à cette époque (car proposé par un label non spécialisé), Robert Prudon définissait ces musiques et les difficultés parfois rencontrées à les faire reconnaître comme des œuvres à part entière.
« Si nous nous permettons ces quelques lignes de présentation, qui paraîtront superflues à beaucoup, c’est que nous pensons qu’il existe un problème de la musique légère (dans laquelle on range généralement les musiques dites de scènes) qui fait que nous lui refusons très souvent les vertus que nous attribuons volontiers (et « à priori ») à la musique dite sérieuse. […]
Si la musique est bien le produit de l’homme, l’art dont parle Stravinsky, elle est aussi, ne l’oublions pas, l’art de combiner les sons d’une manière agréable à l’oreille. Il faut, comme le disait Debussy, qu’elle nous procure un plaisir immédiat, indépendant de toute considération intellectuelle, qu’elle s’impose et s’insinue en nous sans que nous ayons à faire aucun effort pour la saisir. Ceci admis, que reste-t-il, sinon qu’il n’y a de musique que de bonne ou de mauvaise, quel que soit le genre envisagé. C’est ce qu’essaie de démontrer Pierre Arvay, dans un domaine où tant de fadaises ont contribué à accréditer le dédain des tenants d’un certain byzantinisme pour un genre qui se permet de satisfaire immédiatement des esprits point trop niais pourtant et qui vont à la musique sans arrière-pensées ni préjugés.
Les 16 œuvres contenues dans ce disque ne sont d’ailleurs pas de banales équivalences musicales grossièrement imitatives des scènes qu’elles prétendent illustrer. Il s’agit en fait de compositions originales se suffisant à elles-mêmes et destinées, de par leur essence, à arracher aux images ce qu’elles ont d’indicible et de secret, d’inavoué ou d’inexploré. Tel passage révèlera de façon émouvante la tendresse d’un paysage familier, tel autre mettra en lumière les véritables dimensions d’une scène dramatique, car, contrairement à ce qu’on pense communément, c’est le plus souvent la musique qui « accouche » l’image : qui ne voit que le Sextuor en si bémol de Brahms a plus fait pour Les Amants de Louis Malle que n’en pourraient faire les plus beaux paysages du monde pour La Pastorale, la plus descriptive pourtant des symphonies de Beethoven.
Parce que ces musiques possèdent la vertu magique de cristalliser la beauté et de donner un sens à chaque image, Pierre Arvay fournit la preuve qu’il est un véritable musicien. »